Navigation : une séance consacrée à la lecture des cartes marines
Muni de son compas à pointe sèche, de sa règle Cras et de son humour taquin, Lionel, notre responsable voile et navigation, avait donné rendez-vous aux adhérents mercredi dernier pour une séance consacrée à la lecture des cartes marines.
Le thème était : Où suis-je ? Suis-je en sécurité et mon bateau aussi ? Comment aller où je veux en sécurité et au plus vite ?
Si la question intéresse forcément les voileux, elle ne saurait laisser indifférents les pêcheurs. En effet, la brume, les courants peuvent mettre en difficulté certains « hardis qui s'aventureraient encore plus loin que Base Vihan » (dixit Lionel).
La présentation a commencé à 18 h. Les bons élèves avaient même apporté leur propre matériel (cartes, règles et crayons).
Lionel a commencé par un rappel basique mais fondamental de la définition de la latitude et de la longitude. Aucun participant n’a osé mettre en cause le fait que le cercle de latitude se rétrécit depuis l'équateur jusqu'au pôle, tandis que le cercle de longitude, le "croissant d'orange", ne subit aucune déformation. Comme une carte n'est finalement qu'un morceau d'écorce aplati, autant se référer à un cercle qui ne bouge pas. C’est pourquoi une distance se prend en mille marin (1 mille marin = 1852 m) sur le côté de la carte où est aplatie la longitude, qui ne varie pas. Merci à Gildas qui a doctement complété la démonstration de Lionel.
Et pour mieux intégrer ces notions, les participants se sont livrés à quelques exercices de calcul de distances sur la carte.
Lionel a ensuite abordé la lecture des fonds, distinguant trois zones : la sous-marine, l'estran et la partie terrestre. Les Verrès et le Ris ont servi d'illustrations. Cela a permis aussi de rappeler que le balisage, les cartes et autres éléments de navigation sont d’abord conçus pour les gros bateaux venant de la pleine mer, en approche de terre et dans les ports même si, avec le développement de la plaisance notamment, des informations complémentaires ont été apportées au fil du temps.
Lionel précise que le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine) continue de réfléchir "unités importantes" comme en témoignent les zones de mouillage de la baie, de couleur magenta sur la carte.
La démonstration s’est poursuivie par une rapide approche des hauteurs d'eau et des courbes de niveau.
N’en déplaise aux ardents défenseurs de la langue de Molière, les indications portées sur les cartes sont généralement écrites en anglais. Ainsi les diverses épaves de la baie sont des "wk", ou"wreck" qui signifie "épave". Mais au moins, elles sont indiquées.
L’observation de la Basse Vieille a permis de constater que la bouée de danger n'est pas forcément SUR le danger. Au cas présent, elle est quasiment à 500 m (oui, outre le marquage en milles nautiques, les carte ont sur un côté une échelle pas bien grande, mais où on peut se reporter en mètres). Elle a aussi permis de rappeler que la bouée BOUGE, contrairement à la balise, fixée sur une roche et construite en dur. Son crapaud au fond est fixe, mais courants et vents la font bouger, surtout que sa hauteur varie selon la hauteur de la marée. Et parfois le crapaud dérade (part se promener, quoi) sous l'effet d'une tempête. Parfois, on l'oublie.
Le phare du Millier a permis de repérer les zones de feux : rouge, blanc, vert et leur signification.
Enfin, les élèves se sont livrés à quelques rapides exercices avec la fameuse règle Cras. L'occasion de se rappeler que les dérives du vent et du courant existent. D'où l'intérêt de ne pas confier aveuglément la barre aux appareils pour rejoindre un waypoint (point de route), notamment entre la Pointe du Van et les passes de Sein. Cette navigation Est-Ouest sera soumise à quelques courants traversiers, dits dans ce cas "raz de Sein". Hé oui !
Les participants ont aussi découvert les losanges donnant le courant à chaque heure de la marée, là où est apposé le losange.
Pour aller plus loin
Le guide de lecture des cartes est disponible ici, gratuitement : https://diffusion.shom.fr/ouvrages/ouvrages-generaux/symboles-abreviations-et-termes-utilises-sur-les-cartes-marines.html . Il est valable aussi pour les cartes électroniques.
Pour mémoire, citons le RIPAM : https://diffusion.shom.fr/ouvrages/ouvrages-generaux/reglement-international-pour-prevenir-les-abordages-en-mer.html, lui aussi gratuit. Il est imprimé sur tous les almanachs du Marin Breton, mais peu lisible.
De plus, le SHOM propose Nav&Co, qui fournit un fond de carte sur téléphone portable. Le GPS dudit téléphone fait apparaître votre position sur la carte. C'est magique et gratuit. Vous avez la trace fond de votre bateau qui s'affiche, ce qui vous donne de fait le cap vrai, réel, que vous faites sur le fond. A vous de rectifier. Le logiciel est succinct, mais disponible et gratuit. Et c'est une carte SHOM.
Philippe a signalé deux autres applications très intéressantes : Navily, qui
donne des mouillages sur des vues aériennes, et Anchor Time pour surveiller son mouillage.
Avant que les participants ne se livrent à d'autres exercices de calcul de hauteur de liquide dans les verres de l'Amicale, Lionel a rappelé qu'il pouvait lors des permanences faire des zooms pour les adhérents qui le demanderaient sur tel ou tel point abordé.
Et au vu de la satisfaction affichée par les participants à l’issue de la séance, il n’exclut pas de reconduire l’expérience.
Merci Professeur Lionel !